"La Maison Forte de Saint Menges"
Bousculant tout sur leur passage depuis leur offensive générale du 10 mai 1940, les forces allemandes entrent dans Bouillon dès le lendemain et continuent sans désemparer leur « Blitzkrieg » en fonçant vers l’ouest, c’est-à-dire vers la Meuse, afin de réussir leur stratégie du « Sichelschnitt » (coup de faux) jusqu’à Dunkerque.
Le 12 mai à l’aube, les trois Divisions du 19ème Panzerkorps commandées par le général Guderian franchissent à gué la Semois dont les eaux sont très basses, principalement à Mouzaive : la 1ère Panzer division avait pour mission d’atteindre rapidement la Meuse à Floing en passant par Saint Menges, la 2ème de se diriger vers Donchery et la 10ème d’entrer dans Sedan par le Fond de Givonne, route classique des invasions germaniques, et de poursuivre jusqu’à Balan et Bazeilles.
Quelques maisons construites tardivement, à la veille des hostilités, le long de la frontière belge, au nord du pays sedanais, ne sont fortes que de nom et ne peuvent que retarder brièvement l’avance inexorable de ce torrent mécanique.
Le Lieutenant Boulanger et ses quatre hommes de la 10ème Batterie antichar du 78ème Régiment d’artillerie chargés de la défense de la maison forte de Saint Menges ouvrent le feu sur les premiers chars ennemis au débouché de la forêt, en faisant le sacrifice de leur vie et résistent héroïquement jusqu’au bout, comme le feront quelques semaines plus tard leurs 100 camarades du fort de la Ferté, le dernier de la ligne Maginot vers l’ouest.
Dans l’après-midi, les Panzers pénétraient dans la cour de l’usine de l’Espérance à Gaulier, pendant que la 10ème Panzerdivision envahissait le centre de Sedan vide d’habitants.