L’intérieur ardennais du musée de l’Ardenne
Plongée dans l’intérieur ardennais du musée de l’Ardenne…
« Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires. »Ces vers d’Arthur Rimbaud, dans le sonnet « Le Buffet », invitent à explorer la tendre musique du souvenir transmise par les meubles, porteurs de mémoire.
Au second étage du musée de l’Ardenne, l’intérieur ardennais est un refuge apaisant. Comme une porte ouvrant sur une époque encore proche – un siècle à peine. Et dont on s’étonne pourtant de ne plus reconnaître les objets du quotidien, qui semblent appartenir à un passé complètement révolu.
La reconstitution donne à voir l’intérieur d’une riche maison paysanne à l’aube du 20e siècle. L’ambiance y est feutrée, baignée d’une douce lumière avec une large prédominance de la pierre. Et surtout du bois qui lui apporte beaucoup de chaleur, même si la cheminée reste éteinte. Cette plongée dans la vie domestique ardennaise d’autrefois est l’une des salles préférées des visiteurs ! Devenons agents immobiliers le temps d’un petit voyage à travers l’histoire… prêts pour une visite ?
Les meubles surprenants de l’intérieur ardennais
Même les noms des meubles sonnent aujourd’hui aux oreilles comme des étrangetés : le ménager et le dressoir présentant la vaisselle de faïence lorraine (il n’y a pas de production locale), le lit-clos, le bahut et bien sûr le buffet à deux corps.
Bourgeois ou paysan, un bon meuble ardennais doit être fabriqué avec du bois de chêne coupé l’hiver au commencement de la lune. Son décor, le plus souvent assez sobre, est dans la continuité du style Louis XV : courbes, contre-courbes et pieds « en escargotes », des ornements géométriques ou floraux viennent parfois compléter la décoration.
Au coin du feu
Sur la tablette du manteau de la cheminée aux piédroits en consoles typiquement ardennais, on trouve la lampe à pétrole, le moulin à café, la boîte d’allumettes togeardes (c’est-à-dire de Toges, dans le sud-est du département), mais aussi le bouquet de mariage, précieusement conservé sous une cloche en verre.
La vie quotidienne
Beaucoup d’équipements encore utilisés au quotidien aujourd’hui ont considérablement évolué. Par exemple, la machine à laver le linge de l’intérieur ardennais est un simple tonneau doté d’une manivelle et d’une hélice, qui permettent de mélanger efficacement le ligne sale à l’eau savonneuse… mais il faut ensuite rincer, essorer et étendre manuellement !
Et les enfants ?
Le « youpala », ou trotteur pour bébé, est constitué d’un simple anneau de bois engagé dans deux glissières dans un cadre en bois. Il permet au jeune enfant, bien maintenu en toute sécurité, de marcher seulement sur un peu plus d’un mètre d’avant en arrière… Car il y a des enfants dans cette maison : lit à barreaux, berceau et chaise haute en témoignent !
La cuisine
Les collectes des années 1960 ont permis la constitution d’un fonds ethnographique très important et l’intérieur ardennais est propice à sa mise en valeur. Sur la fenêtre traîne un miroir aux alouettes, piège muni de petits miroirs, utilisé par les chasseurs pour attirer les alouettes. À terre, un tire-botte et une baratte à beurre.
Dans la partie « cuisine », on remarque l’évier, taillé dans de la pierre bleue – qu’on appelle parfois marbre bleu – venant de Givet, dans le nord du département. Ne manque au-dessus que la pourtant habituelle beuquette, cette ouverture ovale qui apportait un peu de lumière mais permettait aussi de regarder (de « beuquer ») dans la rue pendant que l’on nettoyait la vaisselle.
A côté, sont présentés toutes sortes d’ustensiles. Torréfacteur à café en tôle de fer, crémaillère, volette en osier et vaisselle de bois tourné. Des objets en fonte aussi ! Bien sûr, car la production locale est encore abondante au début du 20e siècle. Poêle, moules à gaufres ou à gaufrettes, fers à repasser mis à chauffer près de l’âtre… mais aussi des poteries en grès. Ces dernières sont fabriquées non loin, à Jandun ou Barbencroc : pots, bouteilles, pichets et vinaigrier. Ils côtoient des récipients en verre provenant certainement de la verrerie de Charleville qui s’élevait au carrefour du Moulinet et a fonctionné entre 1866 et 1929.
La chambre
Dans la chambre, on s’étonne toujours de la taille du lit-clos. Les gens étaient-ils vraiment si petits ? Non, c’est simplement qu’alors, par superstition, on préférait dormir mi allongé – mi assis car la position allongée évoquait la mort…
Les habitants n’ont rien négligé pour éloigner le malheur de leur maison. Au grand chapelet accroché au-dessus du lit répondent image et broderie pieuses, auxquelles – on ne sait jamais – vient s’ajouter un porte-bonheur de blés tressés. Conservé jusqu’à la prochaine moisson, il assurera la prospérité du foyer.
Un moine pour chauffer le lit !
Quand le froid s’installe, un moine permet de chauffer le lit avant d’aller se coucher. Un moine, dites-vous ? Il ne s’agit pas d’un bon père mais d’un ingénieux dispositif ! Constitué d’une structure légère en bois qui à la fois soutient un récipient plein de braises (la chaufferette) et qui soulève les draps pour ne pas qu’ils prennent feu !
Le grenier
A l’étage, l’évocation d’un grenier, avec, à gauche quelques grès et vanneries – un artisanat très développé dans le Vouzinois – et à droite, l’atelier du peintre. Éclairé par la lumière naturelle d’une verrière, il constitue un clin d’œil aux scènes de genre peintes par Eugène Damas et présentées dans la salle voisine…
Pas de salle de bain ?
Alors, il ne vous manque rien ?
Et bien, une salle d’eau peut-être… Il faut l’avouer, c’est peut-être là que le bas blesse le plus. L’intérieur n’offre en effet guère de « commodités ». La toilette quotidienne se fait avec l’eau d’un broc versée dans une bassine. Quant aux toilettes, elles sont le plus souvent au fond du jardin. Une chaise percée ou ici un pot de chambre permet d’éviter de sortir la nuit !
Un siècle à peine a passé mais un monde semble aujourd’hui séparer les visiteurs de cette vie matérielle. Celle qu’ont connu nos grands-parents et arrières-grands-parents. Pas d’écrans évidemment, mais pas d’électricité non plus. Si le phénomène est connu depuis longtemps, les premiers réseaux électriques ne commencent à se développer qu’à la fin du 19e siècle. Et ne pénètrent dans les maisons que lentement durant la première moitié du 20e siècle.
L’éclairage est donc encore dispensé par des lampes à pétrole, à essence… Ou même encore à huile comme le couperon suspendu à sa petite crémaillère. Pas d’eau courante non plus ! C’est la pompe à balancier de face « Corneau » (une fonderie de Charleville, ancêtre de la société Deville, une autre histoire à découvrir au musée…) qui permet de tirer l’eau du puits !
Bref, un riche appartement témoin, avec un cachet très « début de siècle », un vrai décor de cinéma ! A voir et à revoir lors de votre prochaine visite au Musée de l’Ardenne !
Cet article est une co-production de l’Office de Tourisme Charleville/Sedan en Ardenne & du service Ville d’Art et d’Histoire de Charleville-Mézières
Bonjour!
Je m’adresse à votre musée, pensant que vous pourriez être intéressés par ma proposition, au vu de votre intérêt pour la vie quotidienne en Ardennes.
Je suis en possession d’une robe de communiante traditionnelle en organdi que je désirerais voir continuer sa vie dans un musée. Je la propose au prix de 50 euros.
Seriez-vous intéressés par cette offre?
Avec mes salutations distinguées.
F.DENIZART
Bonjour Madame Denizart,
Je viens de transférer votre proposition à la responsable des musées de Charleville-Mézières, qui devrait revenir vers vous prochainement.
Vous souhaitant une très bonne journée