Entretien avec Stéphane Leroy, alias L8Zon, créateur des portraits street art de Rimbaud
Je rencontre aujourd’hui Stéphane Leroy, dit L8Zon, artiste ardennais et partenaire de l’office de tourisme dont la notoriété des œuvres n’est plus à faire. Qui est-il ? Qu’est-ce qui l’inspire ? Pourquoi avoir choisi de peindre Arthur Rimbaud ? Quels sont ses projets ? L8Zon répond à ces questions dans l’entretien qui suit.
M. Leroy, parlez-moi un peu de vous…
Artiste peintre n’est pas mon métier, de base je suis enseignant, mais c’est pour moi une véritable passion que j’ai depuis mes 7 ans. J’ai toujours eu cette passion dans l’âme, toujours eu cette envie et ce besoin de dessiner. Je pèse bien mes mots quand je parle de passion car la passion est dévorante dans le temps, et j’y ai passé, et y passe encore, énormément de temps avec beaucoup de phases artistiques.
Je suis un total autodidacte, j’ai vraiment commencé en gribouillant sur des morceaux de feuilles, des coins de pages, et peu à peu j’ai travaillé ma technique, mes paysages et mes portraits.
J’ai fais ma première exposition à l’âge de 15 ans, à Charleville-Mézières, et c’est là que je me suis rendu compte que mon travail plaisait, j’ai reçu beaucoup de bons retours et beaucoup d’intérêt de la part des gens, ce qui m’a encouragé à poursuivre dans cette voie.
Puis il y a 10 ans j’ai pris un virage artistique, et je suis passé du crayon/pastel à la bombe aéro et au street art.
Pourquoi le street art ? Parce que c’est une autre expression graphique, un art de rue, un art revendicateur
Pourquoi le street art ? Parce que c’est une autre expression graphique, un art de rue, un art revendicateur. J’ai la passion du dessin mais aussi la volonté de faire passer des messages, et en regardant en arrière je me rends compte que j’ai toujours eu ce même fil conducteur qui est la revendication, l’expression de mes idées à travers l’art, et le street art est un super moyen pour faire passer des messages.
Qu’est ce qui fait la spécificité de vos créations ?
Je ne sais pas si je suis vraiment différent, ce que je sais c’est que je ne m’identifie pas comme un artiste car je n’aime pas les étiquettes. Je fais simplement ce que j’ai envie de créer.
Je n’ai pas forcément l’impression d’avoir un style défini car j’utilise de nombreuses techniques : pochoir, peinture… et surtout une bonne grosse dose de patience! Parce qu’il faut savoir que derrière un tableau il y a parfois jusqu’à une 10 aines d’heure de découpage.
Je suis un éternel insatisfait, je suis quelqu’un de très attaché à l’hyper réalisme mais qui ne peint pas de l’hyper réalisme! Du coup j’aime m’en rapprocher, même si je ne peux pas identifier mes tableaux comme tel j’aime toucher le réalisme, et le mélanger avec l’abstrait. C’est d’ailleurs peut-être là qu’est la spécificité de mon style, un fond hyper abstrait avec un devant réaliste.
Je suis très sensible aux détails et parfois c’est très difficile pour moi de mettre la signature au bas d’un tableau car j’ai souvent l’impression d’être devant une œuvre qui n’est pas terminée. C’est clair que la peinture est une forme de sensibilité mais aussi d’insatisfaction permanente.
J’aime toucher le réalisme, et le mélanger avec l’abstrait. C’est d’ailleurs peut-être là qu’est la spécificité de mon style
Pourtant quand on m’en parle, c’est vrai qu’on me dit reconnaître mon style dans mes créations, dans ma façon de créer, mais je n’ai jamais vraiment cherché à avoir un style pour autant. Si on cherche à trouver son style, on n’est pas soi-même, se construire un style c’est le trouver, la nuance existe même si elle n’est pas toujours très claire.
Je me sers aussi beaucoup de supports réutilisés, comme le bois de palette, le carton, ou même des anciens 33 tours, car j’accorde une grande importance au développement durable. C’est faire d’une pierre deux coups, ça permet le recyclage d’anciens matériaux. Et peindre sur des 33 tours c’est aussi parce que je trouve le mariage de la peinture et de la musique très important, la musique est comme une seconde passion, voir première avant la peinture ! Mais les deux sont pour moi indissociables, je peins beaucoup de musique, de groupes etc. J’aime mélanger le texte, la musique, ou le lettrage, c’est quelque chose que j’ai toujours fait même en étant jeune, dessiner en intégrant du lettrage en fond.
Pourquoi avoir choisi de représenter Rimbaud dans vos peintures ?
Parce que déjà, je pense que tout le monde dans sa jeunesse, ou à l’école, a connu ou étudié ses poèmes. C’est quelque chose qu’on reconnait, dont on se souvient. Et on le connaît quelque soit ses origines, pas seulement les Ardennais !
Je me souviens encore du premier de ses poèmes que j’ai étudié, le dormeur du val, et c’était pour moi une véritable claque, je m’en souviens comme si c’était hier même après 40 ans.
Je l’ai découvert à l’époque avec mon prof de français, et découvert le sublime de ses mots, les images, la couleur, les détails et la profondeur du poème, très coloré et très joyeux, chantant, et à la fin on se rend compte que le personnage est mort. On retombe de très haut. J’ai trouvé que c’était un génie, ça a vraiment été la première révélation.
Puis peu à peu j’ai commencé à griffonner Rimbaud sous toutes ses formes, et j’utilise son image aujourd’hui car c’est un personnage qui me parle beaucoup, il avait des idées très en avance sur son temps, une personnalité très marquée, et surtout c’était un marginal, un anarchiste, et je m’identifie moi-même au personnage car je me considère comme aussi comme un peu en marge de la société, je me reconnais en lui.
Il avait des idées très en avance sur son temps, une personnalité très marquée, et surtout c’était un marginal, un anarchiste
Et comme on est un peu chauvin, c’était aussi un Ardennais ! Et même s’il disait ne pas aimer Charleville-Mézières, il y revenait toujours.
J’ai donc cette fierté de peindre Rimbaud, mais j’essaie aussi de le peindre différemment, car on a toujours tendance à peindre les poèmes, mais on trouve très rarement le visage du poète retravaillé, et ça m’ennuyait de ne pas revoir le visage de Rimbaud, c’est pourquoi j’ai pris le parti de sublimer son image: j’utilise toujours la même photographie de base, celle de Carjat, et plutôt que de peindre sa poésie, je préfère peindre Rimbaud et le sublimer avec sa poésie.
Quel sont les projets de L8Zon ?
Ces dernières années je me suis rendu compte que j’avais acquis une certaine notoriété dans les Ardennes, ce n’est pas déplaisant car jeune jamais je n’aurais imaginé ça, comme vendre des reproductions comme je peux le faire à l’office de tourisme, c’est vraiment un rêve de gosse qui se réalise ! Ou quand une commune me contacte pour la réalisation d’une fresque, je sais que ce n’est pas seulement pour créer une fresque mais pour créer un L8Zon, et c’est quelque chose que je n’aurais jamais osé rêver quand j’ai commencé à dessiner.
J’ai la fierté de faire des choses qui me plaisent, et je réalise peu à peu que cette notoriété peut être utile, et l’utilise aussi pour participer à des œuvres caritatives.
J’ai à cœur les soucis des Ardennes et j’essaie d’utiliser mes créations, mon art qui plaît pour le mettre au bénéfice des plus démunis, ça me touche beaucoup et j’ai la volonté de le travailler de plus en plus, car il y a fort à faire dans les Ardennes.
Merci M. Leroy de nous avoir accorder un peu de votre temps pour cet entretien.
- Retrouvez ses oeuvres dans la boutique de l’office de tourisme, 24 place ducale 08000 Charleville-Mézières
- N’hésitez pas à vous abonner à sa page Facebook : la page Facebook de L8Zon
Super contenu ! Continuez votre bon travail!