Le siège de Mézières et le Chevalier Bayard

2024 marque le cinquième centenaire de la mort du chevalier Bayard. Chevalier emblématique de son époque et héros du siège de Mézières.

L’empereur Charles Quint et François Iᵉʳ, roi de France, s’opposent depuis cinq ans sur les champs de bataille d’Italie. En juillet 1521 les combats se portent dans le nord de la France.

Après la prise de Mouzon, les armées impériales menées par le comte de Nassau et Franz de Sickingen prennent la route de Mézières, première ville française de ce côté de la frontière.

Pour défendre la ville, François Iᵉʳ envoie alors son chevalier le plus expérimenté : Pierre Terrail, le chevalier Bayard.

Le siège de Mézières

Début août 1521, deux armées impériales sous le commandement de Charles Quint, dirigées par le comte Henri de Nassau et Franz de Sickingen, lancent une offensive contre les fiefs du prince de Sedan, Robert II de La Marck, allié du roi de France.

L’armée impériale, composée d’environ 35 000 soldats, est hétéroclite : les Flamands et les Hennuyers (du Hainaut) sont placés sous les ordres de Nassau, tandis que les troupes allemandes sont dirigées par Sickingen.

Le 7 août, François 1ᵉʳ, conscient du danger imminent, décide d’envoyer à Mézières le chevalier Bayard, héros des guerres d’Italie. Il est accompagné alors de 250 hommes d’armes et de 2 000 fantassins.

Bayard s’emploie à organiser la défense de la ville : il fait détruire les faubourgs et les ponts, répare les remparts et met en place des « cavaliers », c’est-à-dire des mottes de terre pour surélever les canons. Par ailleurs, il juge essentiel d’établir des points d’observation stratégiques.
Le 26 août, les Impériaux s’emparent de Mouzon.

Le 30 août à midi, ils arrivent aux portes de Mézières. Le siège de Mézières commence alors. Les canons ennemis tirent sans relâche. Les réserves alimentaires commencent à diminuer. Le moral des troupes baisse et la population locale, victime des bombardements incessants et épuisée par la faim, exprime son désespoir et sa fatigue.

La ruse du chevalier Bayard

Face à cette situation critique, Bayard élabore un plan astucieux. Il fait rédiger une lettre supposément destinée à son allié Robert de La Marck ; dans laquelle il remet en question la détermination de Nassau dans cette bataille et évoque une possible trahison.
Un paysan accepte alors de porter ce message à Sedan pour l’écu symbolique.

Bayard mise sur l’interception de cette lettre par les soldats de Sickingen. Et en effet, le message est rapidement saisi.

Sickingen, furieux après avoir lu la lettre accusant Nassau de trahison, décide de lever le camp par crainte d’être piégé entre deux forces adverses.

De son côté, l’armée de Nassau se voyant isolée, choisit également de battre en retraite. Le comte de Nassau, poursuivant sa stratégie, ravagea l’est de la Picardie en passant la Meuse, pillant et détruisant les villages le long de la Sormonne dans les Ardennes5, puis il s’en retourna en Hainaut

Finalement, le 27 septembre 1521, après avoir tiré en vain plus de 4 000 coups de canon, les deux armées impériales abandonnent leur siège. La ruse du stratège Bayard a triomphé.

Brève Histoire du siège de Mézières (1521)

• 7 août : Bayard arrive à Mézières
• 30 août : Arrivée des armées assiégeantes menées par le comte de Nassau et François Sickingen (35 000 hommes)
• Du 1ᵉʳ au 4 septembre : 5 000 coups de canons sont tirés sur Mézières
• 23 septembre : Réapprovisionnement surprise de la ville
• 24 septembre : Combats hors de la ville
• 26 septembre : Levée du siège
• Du 27 au 29 septembre : Fêtes de libération de Mézières

Le Chevalier Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche

Originaire de Pontcharra en Isère, Bayard est un combattant hors pair, comptant parmi les plus expérimentés et les plus réputés de son époque. Avec une petite troupe de 2 000 hommes, il mène la défense de Mézières face à 35 000 assiégeants. Mézières est alors une vieille cité médiévale ceinturée de remparts du XIIIe siècle inadaptés à la guerre moderne qui a recours à l’artillerie.

Après un mois de siège, les armées impériales en difficulté lèvent le camp. En représailles, ils pillent les campagnes alentours et la Thiérache.

Bayard sort victorieux d’une situation qui lui était initialement défavorable. En signe de reconnaissance, François Iᵉʳ le fait chevalier de l’ordre de Saint-Michel, un rang normalement réservé aux plus grands nobles du royaume.

Quelques repères chronologiques de la vie de Bayard

• Vers 1473 : Naissance de Pierre Terrail, seigneur de Bayard, à Pontcharra, dans le Haut-Grésivaudan.
• 1495 : Lors des guerres d’Italie, il se distingue à la bataille de Fornoue.
• 1499 : Il est fait prisonnier par Ludovic Sforza, duc de Milan.
• 1503 : II lutte contre les Espagnols dans le royaume de Naples. Il défend, seul, le passage du pont de Garigliano contre 200 ennemis.
• 1512 : Bayard est blessé au siège de Brescia.
• 1513 : II combat en Picardie.
• 13-14 septembre 1515 : Il contribua de manière décisive à la victoire de Marignan. Après la bataille, le roi François le voulut être armé par lui chevalier.
• 30 août 1521 : Début du siège de Mézières par les Impériaux commandés par Franz de Sickingen et Henri de Nassau.
• 27 septembre 1521 : Bayard, victorieux à Mézières.
• 30 avril 1524 : En Italie, Bayard est mortellement blessé en traversant la Siesa.
• 1626 : Création de la Coupe dite de Bayard à Mézières.

L’omniprésence du chevalier Bayard à Mézières

500 ans après le siège

Malgré les siècles qui passent, Bayard demeure un repère de l’histoire de Mézières. De la fin du siège jusqu’au XXe siècle, Mézières célébrait la libération de la ville pendant trois jours de grandes festivités. Aujourd’hui, ces festivités persistent à travers la fête foraine d’automne qui a lieu au même moment.

De manière plus visible, Mézières se dote en 1893 d’une statue à l’effigie de son héros. Victime des vicissitudes de la guerre, la statue de Bayard est finalement fondue par les nazis en 1941.
Elle l’avait déjà été déboulonnée en 1917 et emportée en Allemagne pour être fondue (la statue est réinstallée à Mézières en 1922). Une copie à l’identique ne regagne le square Bayard qu’en 2005, signe de toute la reconnaissance que la ville lui accorde encore.

Le chevalier Bayard est d’ailleurs présent un peu partout dans Mézières : place d’Arches, place de l’Hôtel de ville, rue Bayard, square Bayard… Et jusque dans les collections de presque toutes les institutions culturelles de la ville.