Tourisme de mémoire : visiter le champ de bataille de Sedan

On parle de tourisme de mémoire lorsqu’un territoire ou une destination touristique met en avant un patrimoine historique lié à un fait marquant, douloureux, fondateur de l’histoire. À Sedan, le tourisme de mémoire est synonyme de tourisme de guerre puisque la région sedanaise a été le théâtre de 3 conflits mondiaux entre 1870 et 1945.

Quelques chiffres :

• Le champ de bataille de Sedan s’étend sur plus de 200 km carrés.
• 60 panneaux sont installés sur le champ de bataille.
• 1000 cartes localisant les lieux de mémoire sont distribuées gratuitement chaque année.
• Le tourisme de mémoire constitue le 5ème centre d’intérêt en terme de nombre de demandes formulées à l’office de tourisme derrière le château fort et les musées, la voie verte, la randonnée et les demandes liées aux événements.

La place de la mémoire dans le tourisme sedanais

Le développement de l’offre touristique du territoire d’Ardenne Métropole (le territoire de compétence de l’office de tourisme Charleville/Sedan en Ardenne) se concentre sur trois filières touristiques essentielles :

• Culture et patrimoine 👉 Château fort de Sedan, Maison du Patrimoine, Musée de l’Ardenne, Musée Rimbaud… et le tourisme de mémoire.
• Itinérance et loisirs de pleine nature 👉 Voie Verte, randonnée, aventure, croisières sur la Meuse…
• Grands événements 👉 Festival médiéval, Festival des Marionnettes, Cabaret Vert…

Le tourisme de mémoire fait partie de la filière Culture et patrimoine qui comprend la valorisation du patrimoine bâti, les fortifications, les musées, les visites guidées… Si le Château fort a fait l’objet d’une réflexion et d’un développement touristique depuis les années 1960 (la Ville le rachète en 1962 et obtient son classement « Monument historique » en 1965), la mise en tourisme du champ de bataille de Sedan et des principaux lieux de mémoire est plus récente. Elle date des années 2000.

Qu’entend-on par « lieu de mémoire » ?

L’expression est utilisée pour la première fois par Pierre Nora dans les années 1980 dans son ouvrage « Lieux de mémoire ». Un lieu de mémoire est un emplacement connecté à un événement exceptionnel de l’Histoire s’étant généralement déroulé dans un contexte traumatique. Concrètement, un lieu de mémoire peut être un site historique, un mémorial, un musée, une nécropole nationale…

Les supports de visite et de découverte

Le bureau de renseignement de l’office de tourisme à Sedan (15 place d’Armes, près de l’église Saint Charles Borromée) recueille régulièrement des demandes concernant les lieux de mémoire et le champ de bataille. En moyenne sur une année, le volume correspond à une demande tous les deux jours.

Pour orienter les visiteurs, l’office de tourisme propose une carte de localisation des sites de mémoire (gratuite) et un topoguide de 60 pages (5€). Ce guide intitulé « Circuits de mémoire » s’organise en deux parties : une première partie reprend les événements historiques de chaque grand conflit avec un zoom progressif vers les faits régionaux et une deuxième partie propose cinq itinéraires permettant de visiter différentes zones du champ de bataille de Sedan :

• Sedan intra-muros
• Le secteur de Noyers-Pont-Maugis dans lequel se situe La Marfée, haut lieu stratégique et écrin de la nécropole allemande qui jouxte la nécropole française ;
• Le secteur de Bazeilles fortement marqué par la guerre de 1870 avec la Maison de la Dernière Cartouche et son ossuaire ;
• Le secteur de Floing qui concentre un nombre impressionnant de lieux de mémoire liés au conflit de 1870 (la statue de Général Margueritte, le célèbre mémorial des Chasseurs d’Afrique dit « des Braves Gens ») et de la Seconde Guerre mondiale ;
• Le secteur de Donchery où il est possible de voir notamment le château de Bellevue dans lequel Napoléon III a signé sa reddition en 1870.

Ces documents ont été conçus en étroite collaboration avec la Société d’Histoire et d’Archéologie du Sedanais.

Visiter le champ de bataille de Sedan et découvrir la région

Sedan abrite des sites remarquables tels que le monument allemand du cimetière Saint-Charles et le château fort transformé en bagne lors de la Première Guerre mondiale. Mais le champ de bataille s’étend au-delà de la ville de Sedan puisque la plupart des sites de mémoire se situent dans les communes alentours, là où se sont déroulés les combats.

Pour la guerre de 1870, l’un des sites « phare » est la Maison de la Dernière cartouche à Bazeilles dans laquelle les troupes de marine ont résisté héroïquement face à l’armée prussienne et où les dernières salves ont été tirées. L’ancienne auberge dans laquelle le musée est installé conserve les impacts des balles et une bonne partie de l’étage a été conservée comme elle a été retrouvée.

Pour la Première Guerre mondiale, c’est plutôt à Vrigne Meuse qu’il faut se rendre, là où le dernier Poilu, Augustin Trébuchon, est tombé au combat juste avant l’armistice du 11 novembre 1918. La tombe du soldat, le Signal de l’Épine (lieu de la dernière offensive voulue par le Maréchal Foch) et un parcours mémoriel sont à découvrir. N’oublions pas non plus que Charleville a été le siège des plus hautes instances allemandes lorsque le département des Ardennes (le seul de France) a été occupé pendant la Première Guerre mondiale : c’est à Charleville que des décisions comme l’offensive de Verdun ont été planifiées.

Pour la Seconde Guerre mondiale, c’est le village voisin de La Ferté-sur-Chiers qui attire les visiteurs. L’ouvrage de La Ferté, une fortification de la Ligne Maginot, raconte le destin tragique et héroïque de 105 soldats français, asphyxiés à 25 mètres sous terre en résistant pendant quatre jours à l’envahisseur allemand en mai 1940.

Pour les visiteurs qui se rendent vers Reims (ou qui en viennent), un arrêt au Musée Guerre et Paix en Ardennes est fortement recommandé : le musée a pour vocation de présenter l’Histoire des trois guerres, 1870-1871, la Grande Guerre et la Seconde Guerre mondiale, en évoquant le regard ardennais mais aussi européen.

Une offre touristique qui s’enrichit depuis une vingtaine d’années

Il y a une certaine dynamique autour de la création d’offres touristiques et de la mise en valeur des sites liés aux conflits récents : 1870, Grande Guerre, Seconde Guerre mondiale.

• 2009 : installation d’une soixantaine de panneaux et aménagements des principaux sites de mémoire du champ de bataille de Sedan ;
• 2014 : création de la visite guidée sur tablette « Destins de Guerre » à l’occasion du centenaire de la Grande Guerre ;
• 2018 : restauration du monument allemand du cimetière Saint Charles à Sedan ; ouverture de la villa Renaudin à Charleville-Mézières, résidence et bunker de l’Empereur Guillaume II d’Allemagne durant la Première Guerre mondiale ;
• 2022 : développement de l’application Sedan Ici Avant proposée par la Société d’Histoire et d’Archéologie du Sedanais avec le parcours « Mai 1940 » montrant les quartiers détruits lors de la Deuxième Guerre mondiale (lire notre test de l’application ici) ;
• 2023 : publication d’un tout nouveau parcours intitulé « Mézières et Charleville, capitales françaises de l’Allemagne 1914-1918 » et d’un nouveau livre sur le Bagne de Sedan co-écrit par Reinhold Weitz, docteur en histoire et ancien président de la société d’histoire d’Euskirchen et Sébastien Haguette, le président de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Sedanais.