Le CSSA, 100 ans de football à Sedan
En novembre 2019, le CSSA (Club Sportif Sedan Ardennes) a fêté ses cent ans ! ⚽️ Cent ans d’un club de football hors du commun et dont l’Histoire unique a fait la renommée de la cité de Turenne.
Dans cet article, partons ensemble dans l’univers du ballon rond sedanais, sur les traces des plus grands noms qui ont fait l’équipe.
Les débuts d’un club mythique, l’UAST !
Le 2 novembre 1919, soit presque un an jour pour jour après la fin de la première guerre mondiale, le club de football U.A.S.T. (Union Athlétique Sedan-Torcy) voit le jour. Marcel Schmitt, alors professeur de lycée, fonde ce nouveau club de football en fusionnant les deux existants localement. (Le Racing Club Sedanais et le Stade Sedanais)
Petit club de football campagnard, il ne dispose même pas de tribunes, ni de gazon sur son terrain ! Le stade est d’ailleurs surnommé “le Bourrelet”.
Le mois suivant, en décembre 1919, le club commence son premier championnat départemental. Composé de footballeurs non professionnels, le club remporte tout de même le trophée du challenge du Petit Parisien !
Au terme de la saison 1929-1930, l’équipe obtient la montée en Promotion Marne-Ardennes. Dés 1932, elle monte en Division d’Honneur, dans laquelle elle demeure jusqu’au début de la guerre.
En 1926, le terrain du Bourrelet se dote d’un vestiaire et on envisage même de construire une première tribune. En 1936, il est élevé au rang de stade et on lui attribue le nom d’un maire décédé l’année précédente, Emile Albeau.
Arrive la période sombre de la seconde guerre mondiale. Paul Troller, alors maire de Sedan, décide l’évacuation de la ville vers la Charente-Maritime. Les compétitions sont interrompues.
Ce n’est qu’en 1943-1944 que les matches reprennent sous l’impulsion de Maurice Schmitt. Ce dernier porte alors la double casquette de joueur et entraîneur. L’équipe joue dès lors en bleu marine.
Au lendemain de la guerre, l’association doit son salut à un seul homme, André Trubert. Ancien gardien de but, il devient le couteau suisse du club. Il est à la fois dirigeant, trésorier, traceur de terrain mais aussi laveur de shorts et de maillots de ses joueurs !
En 1946, il décide de venir frapper à la porte de deux frères, jeunes patrons des Draperies Sedanaises, Lucien et Maurice Laurant.
Les frères Laurant, bienfaiteurs du club
Lors de cette entrevue, André Trubert propose au deux frères Laurant de prendre une carte de membre de l’U.A.S.T. Les deux frères se montrent particulièrement généreux. Alors, pour les remercier, André Trubert leur propose d’entrer dans le comité de direction du club. Hésitants sur le début, ne connaissant rien au football, ils acceptent.
Ils sont alors loin de se douter qu’ils viennent d’écrire un des plus beaux récits du football français.
Ils signent, avec le club, un bail de 28 ans. André Trubert devient salarié de l’association. Lucien, l’aîné, devient directeur du club tandis que son frère cadet Maurice, garde la direction de l’entreprise textile.
Ils vont alors créer une collaboration étroite et exclusive entre les deux entreprises. Ils recrutent de très bons joueurs amateurs et leur proposent un emploi à la Draperie Sedanaise. On assiste alors à la création de l’ère des footballeurs-ouvriers. Une journée qui commence le matin par un petit footing, qui se poursuit par une journée d’usine et qui se termine par les entraînements le soir.
En 1948, on recrute un nouveau capitaine et futur entraîneur de l’équipe, Louis Dugauguez. Fils de mineur, sa carrière footballistique a été arrêtée par le début de la guerre. Les frères lui propose la place de directeur commercial à la manufacture. Louis Dugauguez est un véritable meneur, capable de motiver ses troupes comme personne.
En seulement cinq saisons, le club est aux portes du championnat de France professionnel de Deuxième Division. Les hommes de Dugauguez empochent au passage plusieurs titres dans le championnat de France des Amateurs.
Sereck, Pascal, Eloy, Kusmir, Czekaj ou encore Roman deviennent des modèles. Les supporters sont de plus en plus nombreux, dans le stade Emile-Albeau, à venir suivre leurs prouesses.
Mais c’est surtout, en cette année 1949, que Sedan réalise ses 1ers coups en Coupe de France. L’équipe, alors en Division d’Honneur, gagne, en 32e de finale, 4 à 1 contre Nice, l’équipe leader de la Première Division 1. Un résultat qui ne passe pas inaperçu et qui fait la “une” des quotidiens nationaux. Le journal “L’Équipe” va jusqu’à titrer « Sedan balaye la défense de Nice ».
L’année suivante, en 1950, l’U.A.S.T. accède aux quarts de finale de la Coupe de France.
La saison 1952-1953 est marquée par l’arrivée de Claude Brény. Il devient le meilleur buteur de l’équipe avec un record de 172 buts. C’est aussi durant cette saison que Max Fulgenzy fait ses débuts. Ces deux là seront encore parmi les buteurs de l’équipe sedanaise lors de la victoire en Coupe de France de 1961.
La naissance d’un mythe
Gaëtan Chrétien passe ses diplômes d’entraîneur et devient recruteur pour le club. Ce qui permet à Louis Dugauguez de raccrocher les crampons et de se consacrer plus particulièrement au coaching de l’équipe.
Le nouveau recruteur renforce l’équipe existante. Arrive alors les Brény et Fulgenzi, Célestin Oliver et son frère Christian, le Normand Michel Lefèbvre, l’espagnol Diégo Cuenca, Bochard, Roszak, ou encore Camberlain.
Et c’est durant la saison 1953-1954 que l’U.A.S.T. fait des débuts sensationnels dans le Championnat de France de Deuxième Division. L’équipe est éliminée de justesse par Marseille en demi-finale de Coupe de France !
Les Draperies s’emploient à les habiller de l’étoffe des héros. Le maillot bleu, la culotte blanche, les bas rouges et de l’écusson vert et rouge. Les joueurs passent, ensemble, des journées bien rythmées entre entraînement et usine. Ce qui renforce nécessairement l’esprit d’équipe. Pour leur salaire, en gros les joueurs doublent leurs salaires de l’usine.
La notoriété du groupe se renforce. La France entière se passionne pour cette équipe décidément différente des autres. Une équipe qui va remporter 42 matches d’affilée avant d’accéder à la Première Division.
Une première saison dans l’élite du football français que l’équipe va clore par la victoire de la finale de la Coupe de France face à Troyes. Le 20 mai 1956, le club entre dans l’histoire dans un stade comble. Dix mille Ardennais ont fait le déplacement, tout comme Dudule, le sanglier-mascotte.
Le 7 mai 1961, une nouvelle génération de footballeurs-ouvriers réitère l’exploit face à Nîmes. André Perrin, Bernard, Stamm, Maryan, Tillon, Salaber, Salem, Lebert, Polak, Lemasson et le footballeur-lycéen Zacharie Noah (père du célèbre Yannick) aux côtés des anciens Brény et Fulgenzi remportent une nouvelle fois la coupe.
Dans le char du triomphe acclamé par la foule en délire Sedanaise, Zacharie Noah brandit la Coupe en argent, dans laquelle il venait de placer son fils de dix-huit mois, Yannick.
De l’apogée du club à la fin d’une époque
Partout en France, les stades attendent la venue de Sedan ! Des matches de Derby contre Reims aux matches de ligue contre les plus grands clubs, le stade Emile Albeau résonne de tous les côtés ! L’équipe de la saison 1962/1963 est l’une des plus unies de Louis Dugauguez. Le club associe Perrin, Tordo, Herbet ou encore Roy alors que Mouchel et Noah partent du club.
La saison s’annonce excellente. Championne d’automne, l’équipe gagne neuf matches et vise le haut du podium. Ils terminent troisième ! En Coupe de France, Sedan tombe devant Lyon 0-1 en quart de finale. La presse continue de soutenir cette belle équipe et ne tarit toujours pas d’éloges à son sujet !
En 1965, au Parc des Princes, Sedan dispute une nouvelle finale de coupe de France, face à Rennes, la troisième en neuf ans ! Mais l’arbitre leur refuse un penalty flagrant commis sur Herbet en fin de match, et prive Sedan d’une victoire méritée. La finale est rejouée trois jours plus tard mais est gagnée par l’adversaire.
Alors que des difficultés financières commencent à apparaître, le Racing Club de Paris (oui, vous avez bien lu, Paris), qui stagne jusque là en Deuxième Division, propose un mariage avec le club de Sedan. Pendant trois saisons, l’U.A.S.T. devient le Racing Club Paris Sedan. Par contre les matches à domicile auront bien lieu à Sedan, dans le stade Emile Albeau !
La réforme du “Contrat à temps” survenue dans le monde footballistique en cette année 1969, ne va rien arranger ! Cette dernière vise à ne plus associer un joueur à vie à une équipe, mais seulement pour une période déterminée. Le statut de footballeurs-ouvriers, imaginé par les frères Laurant ne peut alors plus exister.
Le club reçoit pour la première fois une subvention de la part du département.
Les finances n’empêchent toutefois pas l’équipe d’accomplir encore de belles prouesses. En 1969, le groupe manque de peu le titre de champion de France, face à Bordeaux.
En 1974, Louis Dugauguez quitte le club suivi l’année suivante par les frères Laurant. Ils partent le coeur gros mais la tête haute ! L’âge d’or Sedanais prend fin. Et dès 1976, le club est relégué en Troisième Division.
De Jacki Nix, président du désormais CSSA, à Francis Roumy
En 1976, en ratifiant la fusion signée deux ans plus tôt avec le petit club de Mouzon, Sedan va adopter son nouveau nom : Le Club Sportif Sedan-Ardennes, le CSSA.
Petit club de Troisième Division qui ne brille que par quelques exploits réalisés lors de coupes de France. C’est aussi durant cette année que le club renonce aux statuts professionnels acquis plus tôt en 1953.
Pendant vingt-cinq ans, le club connaît des périodes de vaches maigres. En 1977, les joueurs vont même jusqu’à faire grève faute de salaires impayés. Les caisses sont vides et les subventions ne sont plus au rendez-vous.
En 1977, c’est Jacki Nix qui reprend la présidence de l’association. Les entraîneurs successifs, Yvan Roy et Pierre Tordo, sont d’anciens joueurs formés par Louis Dugauguez. Le club se maintient trois ans en Deuxième Division. Trois années marquées par les Derbys avec le Stade de Reims, qui joue dans la même division. Qu’un grand hommage soit rendu à Luczkow, Trassart, Lefèvre, Plaut, Compère, Raux, Curé, Martinot, Borkowski, Frappart, Leduc, Buffet, Duhoux, Martinovic et Chomlafel, les hommes de Pierre Tordo.
L’année 1985 est marquée par un beau parcours en Coupe de France. Sedan renaitrait-il de ces cendres ? Le Conseil Fédéral accrédite de nouveau le club du statut professionnel. Mais faute de liquidités suffisantes, le maintient à un tel niveau sportif est compliqué ! L’année suivante le club redescend en Troisième Division.
1987 marque le départ de Jacki Nix et de Pierre Tordo. Le club fait l’objet d’un redressement judiciaire et perd à nouveau son statut professionnel.
Après une courte période d’intérim par Gérard Charroy, Francis Roumy prend la tête du club.
Michel Le Flochmoan est nommé entraîneur. A la fin de la saison 1990-1991, la nouvelle équipe du CSSA termine Champion. La formation qui compte alors beaucoup de joueurs ardennais comme Pourchaux, Fouzari, Jacquier, Lefèvre ou encore Hallou, remonte en seconde division. Malgré cette surprenante remontée, le statut professionnel est empêché.
La nouvelle réforme du championnat de Deuxième Division en une seule poule va forcer l’équipe à se maintenir dans les onze premiers. Mais Jean-Louis Mazzéo, un des meilleurs attaquant est victime d’un tacle qui lui casse la jambe, lors d’un match. Son retour sur la pelouse est compromis pour tout le reste de la saison.
Mais malgré tout cela, Sedan finit le championnat en sixième position. Avec le départ de Michel Leflochmoan, Sedan se maintient in extremis à la onzième place à trois points du premier relégable.
La nouvelle ère du CSSA !
Durant la saison 1994-1995, Christian Sarramagna remplace Michel Leflochmoan. Le CSSA finit avant-dernier du championnat et descend en National.
En 1993, c’est sur invitation du député-maire de Sedan, Claude Vissac, que Pascal Urano assiste à un match à Sedan. Une arrivée pour le moins fortuite dans le monde du foot. Urano est de suite séduit par l’univers du stade et devient rapidement un acteur important du club. Chef d’entreprise, il devient d’abord actionnaire puis succède à Francis Roumy à la présidence. Il fait aussi appel à un nouvel entraîneur, un homme à la recherche de nouveaux défis : Bruno Metsu.
La stratégie de faire appel à des joueurs sans club va payer. Le CSSA retrouve son faste d’antan et va de nouveau côtoyer l’élite du football français. Il va même jusqu’à viser l’Europe !
Bruno Metzu est un véritable meneur. Sans véritable installation d’entraînement digne de ce nom et avec des joueurs dont personne ne veut, il va réaliser une prouesse digne de son prédécesseur Louis Dugauguez.
Grâce à ces joueurs “oubliés” Sachy, Satorra, Oliveira, Elzéard, Quint, Jouault, Brandès, Deblock, Pabois, N’Dièfi, Alonzo, Mionnet, Di Rocco…, l’équipe retrouve la Deuxième Division, le 23 mai 1998. Et Emile Albeau retrouve ses supporters.
Patrick Remy remplace au pied levé Bruno Metsu qui quitte le club pour raisons personnelles. Ce qui ne va pas empêcher les joueurs de continuer leur progression. La saison suivante, ils remontent en Première Division et vont de nouveau jouer la finale de Coupe de France. Une victoire qui leur échappe de peu contre Nantes quand Pascal Garibian siffle un penalty très controversé ! Il y a alors comme un air de déjà vu !
Un quart de siècle plus tard, Sedan renoue avec les clubs élites du football français. Aussi, on décide la construction d’un tout nouveau stade. Capable d’accueillir vingt mille spectateurs, on lui donne le nom d’un des hommes les plus marquants de l’Histoire du club de Sedan : Louis Dugauguez !
2000 – Sedan, une nouvelle épopée
Dans ces nouveaux locaux, le CSSA continue d’étinceler. Pour l’un des ses premiers matches à Louis Dugauguez, le Paris-Saint-Germain encaisse cinq buts à un, marqués par les excellents N’diefi, N’diaye et Mionnet. Dès le lendemain du match, l’entraîneur du PSG est remercié.
La saison suivante, l’équipe est une nouvelle fois aux portes de la finale de la Coupe de France mais perd face à Bastia en demi-finale. Et malheureusement, en 2003, l’équipe est reléguée à la Ligue 2.
Deux ans plus tard, Sedan est à nouveau en finale de la Coupe de France, face à Auxerre. L’équipe adverse ouvre le score, mais Sedan égalise grâce à la frappe de Noro. Belhadj, Ducourtioux, Henin, Njanka, Abdou, Amalfitano, Citony, Neumann, Noro et leur gardien Patrick Regnault se battent jusqu’au bout. Mais à la dernière minute, les Bouguignons terrassent l’équipe ardennaise. Encore une fois, la Coupe de France se montre sans pitié.
L’année suivante, Sedan repasse en Ligue 1, en gagnant le match décisif contre Guingamp devant un stade rempli de supporters “vert et rouge”. Mais des blessures chez des joueurs majeurs de l’équipe font descendre le CSSA dès l’année suivante en Ligue 2. A seulement trois points du dernier, la Ligue 1 échappe à l’équipe. La privant au passage de la manne financière que rapporte les droits de retransmission des matchs à la télévision. Malgré cela Sedan est toujours présent en coupe de France. L’équipe se fait éliminer à la toute dernière minute en demi-finale face à Lyon.
En 2011 et 2012, le CSSA est de nouveau aux portes de la ligue 1, mais n’arrive pas à y accéder. Pourtant, financièrement cette remontée aurait été salvatrice pour les caisses du club. Le président, Pascal Urano doit se séparer de ses meilleurs joueurs. Le club est relégué en National, puis étant placé en redressement et en liquidation judiciaire, le club descend en championnat de CFA2.
Le tribunal de commerce de Sedan accorde aux frères Dubois la reprise du CSSA. Faute d’accord, Gilles se retire et laisse à son frère Marc la gestion du club.
Marc Dubois est le fondateur du Groupe Aplus dont le siège social est situé à Saint-Raphaël. Il crée un comité directeur familial pour la prise de décisions importantes.
Sébastien Tambouret prend en main l’équipe. Pour la saison 2018/2019, le CSSA termine troisième de son groupe de National 2. Cette fois-ci, aucune obligation de se séparer de ses meilleurs joueurs au contraire le CSSA se renforce.